Le Forum des idées se tiendra le 4 mai 2024. Ce sont les adhérentes et adhérents de l’ U.P92 qui en réalisent en totalité le programme : définition de sujets, propositions des noms des invités, préparation et conduite des entretiens. C’est l’objet de cet atelier.
Le thème décidé, « Nos Futurs », ouvre sur nombre de questions : si rien ne permet de se bercer d’illusions sur le « progrès » qui résoudra tout, les pronostics de catastrophes contribuent sans doute à désarmer les initiatives citoyennes. Nous élaborerons ensemble les questions qui nous semblent importantes aujourd’hui afin d’éclairer un peu notre manière de voir l’avenir.
L’atelier procède à un échange sur les divers aspects et questions que le thème permet d’aborder, afin de commencer à les circonscrire.
Il est dit qu’il faudra aborder la question des « politiques de la ville », plus précisément la façon avec laquelle nous imaginons ce que pourra être (ou devrait) être la ville du futur, ainsi que les rapports ville/campagne.
On s’interroge sur l’étendue du « nos » : l’humanité ? les vivants ? les terrestres ? Sans escamoter le risque d’une absence de futurs enveloppée dans l’ambivalence avec l’anglais no futur.
La question des mutation de l’humain, et celle du transhumanisme, est pointée.
On s’interroge sur le futur : lequel ? en impasse ou bien ouverture. Qu’est–ce qu’un futur vivable ?
Il est remarqué que « futur » implique luttes, donc nos manières de voir, de penser. Il faut critiquer la notion d’environnement et s’interroger sur celle de « monde », comprendre ce qui fait monde. On ne peut séparer écologie, politique sociale et point de vue décolonial. Il suffit, pour le comprendre, de se demander ; « qui souffre réellement de la pollution ? » Ce qui engage à réfléchir philosophiquement sur la « modernité » et la notion de « progrès ». Lier ensemble histoire et philosophie pour interroger les visions du futur.
Il faudra aussi penser à nouer des contacts avec les associations qui travaillent sur ces questions, dans la ville et le département.
Il faut également poser la question du pouvoir, comprendre qui a, aujourd’hui le pouvoir de décision. Peut-on encore décider ? L’argent, seul instrument du pouvoir ? Mais il ne faut pas négliger des ouvertures (ex. la justice internationale) qui indique la possibilité d’un avenir commun.
On met en garde contre les risques du catastrophisme. Il peut être plus intéressant de mettre en avant les collectifs qui, ici ou là, font sortir de la logique dominante. Par exemple, au Pérou, la Terre peut porter plainte contre les atteintes qui lui sont faites, par le truchement d’associations habilitées (de citoyennes, et citoyens ?). Il nous faut penser ce que l’on entend par « Terre », concevoir l’humanité comme une partie de la nature, et considérer les inégalités systémiques : de genre, de « race », d’âge etc.
Sont évoquées les nouvelles formes de luttes (ex., les ZAD, le NO-TAV du Val de Suse (TGV Lyon-Turin), etc.) : luttes qui portent, apparemment, sur des problèmes particuliers, mais qui ont des enjeux généraux, voire universels, en tout cas qui posent la question de ce qu’est un « monde vivable ».
Il est remarqué que le développement des techniques change les rapports au pouvoir et son mode d’exercice, notamment du point de vue de la surveillance. Cette question pose celle de la division entre « nous » et « ceux qui ont le pouvoir » . « Nous » ? l’humanité ? les hommes sont des animaux comme les autres. Il faut donc s’interroger sur les manière de « faire commun », ou communauté.
On rebondit sur le mot de « communauté » en évoquant les discours excluants qui usent du terme de « communautarisme ».
On se questionne : qui profite du progrès et comment reconnaître notre vulnérabilité ? Il est précisé que notre futur est dans la reconnaissance de la (notre) vulnérabilité. On remarque le paradoxe dans lequel nous sommes : d’une part, il n’y a pas d’avenir radieux, d’autre part le progrès des connaissances est infini.
Il ne faut pas oublier l’importance des progrès scientifiques, qu’il serait absurde de nier, mais aussi la progression de certains droits.
Ce qui amène à mettre en avant la question difficile de l’universel ou des universels et celle de la pluralité des futurs possibles, donc celle du « choix » possible.
À la fin les participants s’accordent sur 8 questions qui devront être abordées dans ce thème très vaste :
Additif n°1:
« Nos futurs » : qu’en est-il des utopies ? Sommes-nous aujourd’hui, de manière dommageable, en « panne » d’utopie ou au contraire avons-nous raison d’abandonner les utopies qui se passent du temps historique pour leur préférer un projet de société ou un programme politique — révolutionnaire ? Cela dit, il me semble que nombreuses sont les utopies qui sont un tremplin pour l’action à venir du fait de leur puissance critique, subversive, voire destructrice de l’état « de fer » dans lequel vivent aujourd’hui la plupart des humains. De ce point de vue, j’appuie pleinement le point 5: pouvoir de surveillance et de contrôle, états d’urgence, toutes choses dénoncées non seulement par les textes utopiques mais aussi par les architectures, les représentations de la domestication de l’espace public. Le règne de Big Brother ou le paradis égalitaire d’un âge d’or ? En un mot, « nos futurs » : quelles relations avec l’utopie ? Éventuellement, quelles ressources puiser dans les utopies ?
Additif n°2:
Des noms d’invitées possibles sur les points mentionnés ci-dessus :
1/ Maria Grace Salamanca Gonzalez si elle est encore en France, sinon Frédérique Aït Touati (mais faut la prévenir tôt) ou globalement le collectif Terra Forma et en géo Frédéric Alexandre.
2/ sur le progrès technique, une entrée par l’extractivisme est possible avec Camille Mortelette en géo.
3/ universel : Nadia Yala Kisukidi en philo, Sarah Mazouz en socio, Mame-Fatou Niang en littérature.
Pour la surveillance, en géo : Murielle Froment-Meurice.
Pour le Clunysois : Ludovic Martin qui finit sa thèse sur le site en question et la démocratie oblique mise en place. Sinon Mariana Cyrino en archi sur les dispositifs
de participation dans la réhabilitation du logement, sinon encore le collectif contre air bnb à Douarnenez (qui a sorti un bouquin aux Editions du Commun).
Ludovic Duhem, philosophe sur le design écosocial.
A propos de l’émancipation : Helena Hirata, sociologue et Christine Bard, historienne ( pour le projet de musée du Féminisme).
Suggestions :
Donner la parole aux acteurs : voir du côté de militants associatifs. Comment ici nous construisons un avenir (plus ou moins bouché) ?
Inviter Patrice Leclerc : « art de vivre pop ? » En dialogue avec un sociologue : Kokoreff, Merklen ?
Voir Denis Merklen : les indispensables et Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques ? Voir du côté du collectif Rosa Bonheur (Roubaix) Livre La ville vue d’en bas (Amsterdam)
Voir Nicolas Duvoux L’avenir confisqué https://www.youtube.com/watch?v=YQrrJlgkPCI
Pour l’ouverture :
conférences de poche de Léon Lenclos :
Les conférences de poche
Présent à Cormeilles le 4 mai.
Noiriel conférence gesticulée
Friot : https://www.ardeur.net/conference-gesticulee-a-quoi-je-dis-oui/
