Cri populaire qui retentit depuis les années 90. Qui, nous ?
Nous, les humains, contre l’invasion industrielle et automobile
étouffant la ville.
Nous, le peuple, contre les forces d’un pouvoir autoritaire voulant tout
soumettre à la surveillance policière.
Depuis longtemps, la rue est l’expression d’un art de vivre populaire :
Socrate déambulait dans les rues d’Athènes en interpellant ses
concitoyens qui suivaient les idées convenues et Diogène vivait à la rue,
dans son tonneau, « comme un chien » aux yeux des bonnes gens.
Espace public accessible à tous, espace de liberté, de circulation des
humains et des idées, lieu des échanges en tous genres, elle est disponible
pour la manifestation collective, les spectacles multiples comme la
flânerie individuelle. Dernier refuge de celui qui a tout perdu, et se
retrouve à la rue, en éprouve la violence et la solidarité. Lieu où le hasard
des rencontres ouvre à (presque) tous les possibles, puisque l’aventure
est au coin de la rue.
«
La rue assourdissante autour de moi hurlait » dit le poète : de François
Villon et Rutebeuf au Hip Hop et au Rap, en passant par Baudelaire ou
Rimbaud, elle est un creuset de la création artistique et poétique qui en
dit les violences et les fraternités.
Est aussi, depuis 1789 le cadre sans lequel il n’y a pas de réelle démocratie,
hantise des gouvernants qui ne cessent de clamer que le pouvoir n’est pas
dans la rue, alors que la souveraineté populaire y a pris naissance et
continue de s’y manifester.

Les Ateliers de préparation du programme du Forum des Idées : La Fabrique du Forum